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Une vie de chien. Public
Conte chien chienne de vie

C'est l'heure. Il faut se lever. Mais qu'est-ce qu'elle fiche!
Elle est encore dans son lit! Allez, debout! Il faut y aller!
Qu'elle est lente à sortir de ses draps! Vite! On n'a pas que ça à faire! Il fait grand jour là!
Maintenant elle s'enferme dans la salle de bain. Comme si elle se rendait à une cérémonie!
Ces parfums, ces couleurs ne servent à rien! Moi je l'aime comme elle est. Au lever, au coucher! Son odeur naturelle est la plus plaisante! Je la reconnaîtrais parmi mille! Je gratte à la porte pour qu'elle se dépêche. Elle me répond de patienter...
Enfin, elle sort... Non! Elle veut manger avant! Mais elle aurait pu y penser plus tôt!
Je vais à la porte d'entrée, pour me préparer! Ce ne sera pas moi qui nous retarderai!
Il fait frais ce matin! Je sens l'air vif qui se glisse sous la porte. Il me chatouille les pieds apportant les odeurs de verdure, de fleurs et de pipi de chat depuis l'extérieur.
Je déteste les chats. Ils pissent partout, laissent des crottes dans les bacs à sable des enfants, et sont infichus d'obéir aux ordres. Ces animaux sont des nuisibles, même pas fichus de nous débarrasser des souris et des rats! Je suis obligé de les piéger moi-même, et je trouve ça dégoûtant! Il n'y a qu'un chat pour jouer avec une souris à moitié morte... 
La voilà enfin. Ca lui va bien cette robe, mais on ne pourra pas se rouler dans l'herbe, dommage!

Je la remercie de s'être dépêchée, un peu de flatterie a toujours plu aux femmes. Et nous ouvrons enfin tous les deux la porte. Nous dévalons les quelques marches et traversons le petit jardin puis les quelques mètres de bitume pour atteindre les premiers arbres de la place du marché. Les marchands ne sont pas là, mais ils ont laissé derrière eux de bonnes odeurs de poisson plus ou moins frais et de poulet rôti. Je me dirige vers un arbre pour satisfaire une envie pressante! Désolé, je ne pouvais pas attendre plus, dis-je en me soulageant le plus discrètement possible.
On dirait que je ne suis pas le premier à être passé par là. Je reconnais les marques de certains camarades de quartier.
Attends, j'ai cru remarquer quelque chose au pied de ce réverbère! Mais non, elle m'entraîne au loin. Et puis je sens soudain cette odeur de tabac froid mêlée au café fort. Ces chaussures mal entretenues, c'est encore lui. Je lève la tête pour le regarder droit dans les yeux.
Il me flatte de la main, mais ça ne le rend pas moins antipathique. Et puis il lui prend la main, comme si je n'étais pas là. La prochaine fois qu'il m'approche, je la lui bouffe, sa main! Il ne manquerait plus qu'il s'installe chez nous, qu'on fasse ménage à trois! Vraiment, je l'aime cette femme, mais je ne la comprendrai jamais!

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